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Lecture: « Je suis une fille de l’hiver » – Mon histoire avec l’anorexie et l’automutilation

J’ai choisi d’aborder un sujet beaucoup moins léger que d’habitude aujourd’hui en vous parlant d’un livre qui m’a bouleversée: « Je suis une fille de l’hiver » de Laurie Halse Anderson et de ma propre expérience face à l’anorexie et à l’automutilation.

Je préfère faire un disclaimer tout de suite: je n’écris pas ce billet pour me faire plaindre ou m’apitoyer sur mon sort. J’ai longuement hésité avant de me mettre devant mon clavier d’ordinateur et si je le fais c’est uniquement dans le but de partager et de peut être aider les personnes atteintes de ces troubles ou leurs proches qui liront ces lignes.

Amateurs ou amatrices de trash ou d’infos croustillantes, passez votre chemin, il n’y a rien pour vous ici.

Si vous me suivez régulièrement sur les réseaux (si vous ne le faites pas, ce n’est pas bien du tout, rendez-vous en page d’accueil du blog pour trouver tous les liens!), vous savez que je suis une grande passionnée de lecture.

Tout comme les séries (voir mon dernier post ici), je dévore les livres les uns après les autres avec un appétit d’ogre! J’aime les livres, leur toucher, leur odeur, apprendre des choses, m’évader…

Bref, après Zara et Maisons du Monde, Cultura est définitivement mon magasin favori! Vous le savez, à chaque fois que j’y vais, je ressors toujours avec une montagne de nouveaux ouvrages qui s’ajoutent à ma bibliothèque déjà bien remplie.

C’est étonnant, mais je ne vous ai jamais trop parlé de lecture ici et j’ai choisi de le faire aujourd’hui avec un des derniers livres que j’ai achetés et que j’ai terminé en deux jours tellement il était prenant et que le sujet me parlait.

Je vous laisse la quatrième de couverture juste en dessous parce que je suis nulle pour raconter sans trop en dire…

Je suis une fille de l'hiver: lecture et mon histoire avec l'anorexie

Dans ce livre, nous suivons donc Lia qui est hantée par Cassie, son ancienne meilleure amie, qui vient de décéder brutalement.

On comprend très vite que ces deux jeunes femmes sont depuis longtemps des « filles de l’hiver » un joli terme poétique pour désigner l’anorexie.

Malheureusement, Cassie a gagné la compétition qui s’était instaurée entre elles et Lia va devoir affronter ses peurs et ses angoisses afin de tenter de guérir…

Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre c’est que l’auteur ne sombre pas de la pathos.

Lia est la narratrice de l’histoire et nous avons son point de vue direct avec toutes ses pensées et son mal être. Rien n’est édulcoré et, personnellement, je me suis beaucoup retrouvée dans ce livre malheureusement, qui traite avec beaucoup de tact des troubles du comportement alimentaire, que ce soit vis à vis de la personne qui en souffre ou vis à vis de son entourage.

Pour ne pas vous dévoiler toute l’histoire de ce livre et pour approfondir le sujet de l’anorexie qui est encore bien trop tabou à l’heure actuelle, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de vous faire part de ma propre histoire.

Je l’avais déjà évoqué dans un précédent billet sur « l’ancien » blog mais cette fois, plus de retenue, il faut que je vous parle à cœur ouvert.

Trop de personnes, jeunes ou moins jeunes, souffrent de ces troubles et si je peux aider ne serait-ce qu’une personne à se sentir moins seule, et bien ça aura valu le coup de mettre ses tripes en pâture sur internet.

Quand je vous ai parlé du syndrome de l’intestin irritable (voir ce post), vous avez été énormément à réagir positivement alors… C’est parti, voici mon histoire…

Mon expérience face à l’anorexie

Je suis une fille de l'hiver: lecture et mon histoire avec l'anorexie

Mes premiers troubles ont débuté lorsque j’étais en classe de troisième.

J’étais bonne élève, j’aimais les cours et apprendre. J’étais plutôt bien entourée cette année là avec ma meilleure amie qui habitait à trois maisons de chez moi et surtout, je ne subissais plus de harcèlement au collège comme les années précédentes.

J’avais enfin passé le cap de l’adolescence « ingrate », lâché mes vêtements de bébé et les permanentes pour mes cheveux! Je ressemblais à toutes les filles de 14 ans avec des posters de boys bands et des Spice Girls plein les murs de ma chambre, des histoires de midinette plein la tête… Bref, tout allait pour le mieux!

Sauf que… chez moi, tout n’allait pas pour le mieux… Après des années de recherches, ma mère venait d’être diagnostiquée fibromyalgique, une maladie totalement inconnue à l’époque.

Mes parents faisaient quasiment toutes les semaines des allers et retours dans les hôpitaux parisiens, ma mère s’était mise en relation avec une association et passait le plus clair de son temps à recueillir des informations au téléphone et moi on ne me disait pas grand chose, pour ne pas m’inquiéter ou me perturber…

Maladie, maladie, maladie, maladie… Voilà tout ce que j’entendais continuellement et ça me tapait sur le système.

La descente aux enfers a commencé.

J’ai commencé à ne plus me sentir très bien. J’étais souvent angoissée et si jamais j’essayer d’avaler quoi que ce soit le matin avant de partir au collège, je vomissais.

J’ai terminé mon année dans ces conditions et les vacances sont arrivées.

Je me sentais de moins en moins bien et j’ai commencer à me renfermer sur moi-même.

Je ne voyais plus trop ma meilleure amie qui n’allait plus être avec moi au lycée et je passais presque tout mon temps enfermée dans ma chambre, dans ma bulle.

Comme j’avais l’impression de ne plus rien contrôler et que ma vie partait en vrille, inconsciemment, j’ai décidé de contrôler mon corps et mon assiette.

Petite et adolescente, je n’ai jamais eu un très gros appétit, donc dans les premiers temps, cette modification est passée plutôt inaperçue.

L’heure de la rentrée au lycée est arrivée, je me suis retrouvée perdue dans une classe de 35 élèves, au milieu d’un lycée bien trop grand pour moi, sans plus aucun repère.

Mon petit ami de l’époque m’a quittée et le tourbillon infernal s’est accéléré.

Je mangeais de moins en moins malgré les remarques de mes parents qui ont fini par se rendre compte de mon manège.

Impossible de manger plus. J’avais une boule de pétanque coincée en permanence en travers de la gorge…

Je ne pouvais pas, je ne devais pas manger, sinon j’allais être malade. C’était un état de fait.

Le rythme soutenu de la seconde, mes insomnies quasi quotidienne, le harcèlement des autres élèves qui recommençait, c’est toujours drôle de se moquer du sac d’os… Trou noir.

Je faisais malaise sur malaise et j’ai dû arrêter d’aller au lycée pour un temps.

Mon médecin a conseillé à mes parents de m’emmener voir un psy, ce qui, avec le recul, aurait vraiment pu m’aider en fait.

Mais à l’époque, j’étais complètement braquée, j’en voulais à la terre entière, ce d’autant que je n’étais pas folle! Je n’avais aucun problème…

Je suis allée une fois en consultation chez le psy et comme ça ne m’avait pas plu et que je trouvais ça inutile, mes parents, trop gentils, m’ont dit que je n’y retournerai plus.

Pourtant, en quelques mots échangés, le psy avait mis le doigt sur ce qui clochait chez moi. Inconsciemment, je me faisais beaucoup de souci pour ma mère et sa maladie, je n’en pouvais plus d’être dans cet environnement et je cherchais à reprendre le contrôle en me privant de manger.

Moi, me priver de manger? Mais non, c’est ma boule de pétanque en travers de la gorge qui m’en empêche… Pas moi! Si je mange, je vais vomir et j’ai tellement peur de vomir… Ne pas manger et le plus simple et le plus sur…

Je suis une fille de l'hiver: lecture et mon histoire avec l'anorexie

Les médecins m’avaient prescrit des anti-dépresseurs mais j’ai toujours refusé de les prendre. Je voulais encore et toujours garder le contrôle. Et dans un sens, pour ce point, j’en suis plutôt satisfaite.

Je me suis enfoncée encore et encore dans ce cercle infernal: ne pas manger, se sentir mal, s’affaiblir, se renfermer, dormir quand les autres sont éveillés… Le constat a été sans appel au bout d’un moment. Après avoir tenté de retourner au lycée à mi-temps, j’ai dû abandonner.

Les moqueries des autres et mon état de faiblesse ne me permettaient plus de rester concentrée pour apprendre et suivre les cours… Et puis, je n’en avais plus envie. Je n’avais plus envie de rien sauf de rester dans mon lit à m’enfoncer dans mon hiver permanent.

40 kilos pour 1 m73. Voilà le résultat.

A la rentrée, j’ai été scolarisée par correspondance et je dois dire que ça m’a redonné un but. J’avais de quoi occuper mes journées. J’étudiais depuis mon lit le jour ou la nuit, ma boule de pétanque toujours bien ancrée au fond de la gorge.

Mon médecin avait commencé à parler d’hôpital à mes parents et du seuil critique où il faudrait m’alimenter par sonde… C’était hors de question. Pas d’hôpital.

Alors la petite voix dans mon cerveau m’a dit qu’il allait falloir trouver autre chose pour continuer mon appel au secours et pour faire sortir tout ce mal être de mon corps qui me rongeait de l’intérieur…

J’ai commencé à m’automutiler. Je me frappais les poignets pour faire croire à une entorse, je m’entaillais la peau… Cette souffrance, je pouvais la sentir réellement. Elle n’était pas seulement dans ma tête et ça me soulageait.

Tout ceci a duré pendant de longues années. Presque 5 ans de souffrance avant que, petit à petit, je décide de me reconstruire.

L’élément déclencheur a été un malaise de trop. Je ne tenais plus debout, littéralement.

Je perdais mes cheveux par poignée, mes dents commençaient à s’abîmer, je n’avais plus mes règles… L’hôpital n’avait jamais été aussi près.

Alors dans ma tête, j’ai décidé que l’hiver n’avait que trop duré. Encouragée par mes parents qui m’ont beaucoup soutenue pendant cette période, j’ai recommencé à m’alimenter, bouchée après bouchée, avec de petites victoires.

Vous savez, réussir à terminer un petit pot de compote quand on a une boule de pétanque dans la gorge, c’est un exploit!

J’ai fini par reprendre un peu poids, lentement mais sûrement.

J’ai eu la chance de rencontrer à cette époque des personnes qui m’ont soutenue et qui m’ont poussée à aller mieux en faisant du sport pour regagner mes muscles qui s’étaient volatilisés.

Ma plus grande victoire a été de pouvoir remonter sur un podium et de finir seconde d’une élection de Miss! J’allais mieux, enfin!

Après avoir terminé ma classe de première par correspondance, j’ai pris la décision de faire ma terminale au lycée, ce même lycée que j’avais dû quitter prématurément.

Il a fallu batailler auprès du proviseur pour qu’il accepte de me réintégrer mais ça a marché. Il m’avait donné trois mois d’essai… J’ai passé mon bac!

J’ai tellement adoré cette année! Des amis, des sorties, de la joie et de la réussite… L’hiver avait laissé place au printemps et j’étais enfin redevenue moi!

Je ne pensais plus à ce que j’avalais, je ne pensais plus à contrôler tout ce qui passait la barrière de ma bouche, je ne me faisais plus de mal… Le bonheur…

Si aujourd’hui j’arrive à en parler sans trop de difficulté c’est que beaucoup d’années ont passé et que j’ai fait un très gros travail sur moi pour comprendre ce qui m’était arrivé.

Les troubles du comportement alimentaire, que ce soit l’anorexie ou la boulimie, ne doivent pas être pris à la légère.

Ce sont de vraies maladies qui peuvent conduire à la mort.

On peut souffrir d’anorexie sans être obnubilée par son poids. Il y a autant de causes que de personnes atteintes…

Si jamais vous suspectez ce genre de troubles chez quelqu’un de votre entourage, ne le laissez pas tomber. Cette personne crie au secours en silence.

Mais attention, inutile de laisser la personne en face d’une assiette pleine ou de lui dire sèchement de manger… Ce n’est pas si simple.

Il faut faire preuve de beaucoup de tact et de bienveillance pour gagner la confiance du malade. Essayez de parler, ou même de ne pas parler, juste d’être là, sans juger et sans mettre de pression.

Le jugement des autres est tellement difficile quand on souffre de TCA…

Je suis une fille de l'hiver: lecture et mon histoire avec l'anorexie

Voilà pour le résumé de mon histoire.

J’espère sincèrement qu’elle pourra aider ou juste montrer que l’anorexie, la boulimie, l’automutilation, ne sont pas des choses à prendre à la légère. Ce sont des troubles graves.

Aujourd’hui, je vais bien. Je ne contrôle plus tout et tout le temps, j’arrive presque à lâcher prise, je me sens bien dans mon alimentation… Mais le travail que j’ai dû faire et que je continue à faire sur moi est fastidieux.

J’ai appris à mettre de la distance, à relativiser, à ne plus laisser la boule de pétanque m’envahir même si parfois elle tente de revenir. Je ne peux pas encore dire que je m’aime pleinement mais je m’apprécie avec mes défauts (on reparlera de l’acceptation de soi dans un autre billet si ça vous intéresse) et mon passé.

Avoir ou avoir eu des TCA n’est pas une honte et il faut arrêter d’en faire un tabou.

Si vous voulez discuter du sujet que ce soit en commentaire ou en privé, n’hésitez pas, je suis là pour vous.

Je vous fais plein de bisous et je vous dis à très vite pour un nouveau post bien plus futile,

XXX

 

PS: Pour acheter le livre « Je suis une fille de l’hiver », rendez-vous ici!

By Vanessa, 22 février 2018
  • 6
6 Comments
  • jenychooz
    23 février 2018

    Ma maman est anorexique depuis toujours, un plus bas elle pesait 37kg alors je vois exactement et comprend ton histoire…
    Moi c’est la boulimie, difficile d’en parler mais un jour j’oserai parler de cette période pour essayer de faire mon dueil mais je ne me sens pas prete pour l’instant.
    Bravo ma belle d’en avoir parlé et de t’être livrée comme ça
    <3
    Biz Jeny

    • Vanessa
      14 mars 2018

      Ce n’était pas simple mais avec le recul, ça a un côté libérateur de tout coucher sur le papier (même s’il est virtuel dans mon cas!).

  • Les Chroniques d’Affi’
    27 février 2018

    Bonjour 👋 ton article sur ce livre et très intéressant ! Sa donne envie en tout cas si jamais l’env te prend de venir visiter mon antre … moi aussi je suis blogueuse Littéraire 🙂 en tout cas merci pour se moment agréable.

    Les Chroniques d’Affi’

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